Le Manifeste des entreprises portugaises pour la gestion de l’eau

L’eau est une ressource fondamentale pour notre survie et notre bien-être. L’approvisionnement en eau, et avec une qualité adéquate, est essentiel pour la production de presque tout ce qui nous entoure : de l’agriculture à l’industrie, de la production d’énergie aux services les plus divers, de la santé à la technologie, la disponibilité de l’eau est un facteur qui s’avère être critique tout au long des différentes chaînes de valeur.

Cadre géographique

Des régions différentes ont besoin d’approches différentes et, bien que le Portugal soit un petit pays, la situation dans la région du sud est très différente de celle du nord. La gestion de l’eau à l’échelle nationale nécessite de maîtriser les origines, les flux et les usages de l’eau, ainsi que les enjeux de son stockage et de la production d’énergie associée. Le PCMWS se concentre principalement sur la gestion durable de l’eau et sur la manière dont elle est utilisée aujourd’hui. L’un des plus grands défis pour le secteur public est le fait qu’aujourd’hui environ 30 % de l’eau traitée est perdue dans sa distribution (ERSAR, 2021). Cela représente en soi une importante opportunité d’amélioration, a été la base de plusieurs projets. D’autre part, la réutilisation de l’eau des eaux usées traitées devrait être encouragée comme un moyen de répondre aux besoins de certains secteurs, notamment l’industrie. Outre les solutions les plus évidentes, le dessalement de l’eau de mer devrait également faire partie du plan de durabilité de l’eau, pour répondre aux problèmes de pénurie d’eau, une réalité de plus en plus présente qui va s’aggraver dans les prochaines décennies.

Detailed explanation

PCMWS est le principal résultat de l’événement Water Summit qui a eu lieu en juillet 2020, organisé par le Católica – Lisbon School Center for Responsible Business & Leadership (CRB).

Ce forum a discuté de l’importance de l’eau dans le monde et, en particulier, pour les entreprises ayant une importance significative pour l’économie portugaise. Les entités participantes ont illustré que les changements rapides auxquels nous assistons actuellement en termes de climat, de réseaux d’approvisionnement, de démographie et d’environnement contribuent rapidement aux dangers de la pénurie d’eau et aux impacts économiques qui en découlent. Le Green Deal européen est le cadre pour rassembler les mesures d’atténuation nécessaires pour faire face au changement climatique et établir des actions d’adaptation ultérieures.

Le Sommet de l’eau a souligné l’importance d’une perspective de gestion intégrée de l’eau dans laquelle la prise de décision de toute entreprise, secteur ou entité, que ce soit au niveau local ou national, devrait se concentrer. Bien que cela représente un défi mondial, les participants au Sommet de l’eau ont reconnu que le Portugal devait être prêt à s’adapter aux différents scénarios de changement climatique et ont estimé que la gestion de l’eau avait une efficacité accrue à partir de l’échelle locale.

L’initiative PCMWS vise, conformément au Manifeste lui-même, à amplifier la diffusion, intensifier la sensibilisation et élargir la connaissance des bonnes pratiques dans les domaines clés suivants :

• L’eau comme ressource précieuse dans la transformation écologique du pays et son impact sur la santé, l’économie et la société.
• La nécessité d’adapter et d’accélérer les mesures d’atténuation dans le contexte du changement climatique lié au risque de pénurie et de pollution de l’eau.
• L’importance de la réutilisation de l’eau dans le développement durable de l’industrie et des villes.
• De meilleures pratiques pour une gestion durable de l’eau.
• Stratégie d’intégration et de coopération entre le secteur privé et le secteur public et les autorités, la vision du Green Deal européen.

Preuve des avantages de la mise en œuvre

L’initiative est relativement récente ; par conséquent, il n’est pas encore possible d’évaluer clairement les avantages du PCMWS. Des avantages sont attendus en intégrant dans la chaîne de valeur des membres participants des méthodes innovantes pour maintenir ou accroître la compétitivité dans les scénarios de changement climatique en adaptant l’utilisation de l’eau.

Potentiel de réplication dans la région SUDOE

En raison de l’exposition de la région SUDOE au changement climatique et à la rareté de l’eau, des initiatives telles que PCMWS ont un fort potentiel de mise en œuvre. La pression sur les ressources naturelles devrait contraindre les principaux secteurs qui en dépendent à repenser leurs stratégies de gestion pour maintenir ou améliorer leur compétitivité dans des scénarios extrêmes de pénurie. 

L’environnement commercial de l’UE peut également fournir le cadre idéal pour que les entreprises transnationales collaborent et échangent des connaissances. L’informatique et les grandes technologies peuvent également faciliter des accords similaires en fournissant un soutien technologique aux entreprises participantes.

Aussi, l’un des principaux objectifs étant de faire face à la rareté de l’eau, de telles initiatives peuvent être reproduites dans d’autres régions non SUDOE qui pourraient déjà être confrontées aux mêmes problèmes.

Au Portugal, le Programme national pour l’efficacité de l’utilisation de l’eau (Programa Nacional para o Uso Eficiente da Água – PNUEA) a été établi par l’Agence portugaise de l’environnement (APA) et partage des objectifs similaires avec le PCMWS, ayant comme domaines d’action différents niveaux d’institutions publiques qui, à leur tour, définissent des indicateurs d’efficacité avec les acteurs de l’approvisionnement urbain, de l’agriculture et de l’industrie, pour aider à diagnostiquer l’efficacité de l’utilisation de l’eau. 

Le programme s’est concentré sur les secteurs économiques qui sont les principaux utilisateurs/consommateurs d’eau (APA, 2012). Ce programme a pour principaux objectifs stratégiques la réduction des pertes dans les systèmes d’approvisionnement en eau du secteur urbain et les systèmes d’irrigation dans le secteur agricole, ainsi que l’optimisation de l’utilisation de l’eau dans le secteur industriel et la limitation des impacts sur l’environnement liés aux rejets des eaux usées industrielles (Fig. 4). Le projet de programme a été initialement proposé en 2000, a vu une résolution parlementaire approuvée en 2005 pour jeter les bases du cadre juridique d’action, et la version finale a été publiée en 2012 avec une période de 8 ans pour atteindre les principaux objectifs. Il devrait faire l’objet d’une révision et d’une évaluation sur deux ans.

L’efficience de l’utilisation de l’eau identifie dans quelle mesure l’eau prélevée dans la nature est utilisée de manière optimale pour produire efficacement le service souhaité (alors que l’efficacité identifie comment les objectifs définis sont effectivement atteints). 

La consommation utile correspond à la consommation minimale nécessaire dans un certain secteur pour garantir l’efficacité d’utilisation. Cela correspondant à une référence spécifique pour cet usage. La demande effective correspond elle, au volume utilisé. Elle est naturellement égale ou supérieure à la consommation utile. Plus la demande effective et la consommation utile sont proches, plus on se rapproche des 100 % d’efficacité d’utilisation de l’eau, une situation naturellement souhaitable mais irréaliste.

Une autre action similaire au PCMWS est le Manifeste pour l’eau 2020 de l’Association européenne de l’eau (EWA). Ce document attire l’attention sur les défis actuels de la gestion de l’eau en Europe et fait des propositions de solutions durables pour relever ces défis, appelant la société civile et toutes les parties prenantes concernées à contribuer à la mise en œuvre de telles solutions et encourager le dialogue entre les décideurs et les autorités nationales et régionales. Il est divisé en quatre branches principales : (1) Solutions fondées sur la nature pour répondre au changement climatique, (2) Financement des investissements dans les services d’eau, (3) Gestion des actifs et numérisation des infrastructures d’eau et (4) Stimuler la gestion de la demande en eau.

L’EWA est une organisation non gouvernementale à but non lucratif qui regroupe des associations d’entreprises et de recherche impliquées dans le cycle de l’eau. L’objectif principal est d’échanger et de transférer des informations et du savoir-faire dans le paysage européen de l’eau à un niveau technique et scientifique. Cet échange à vocation à se faire non seulement entre les associations nationales membres et les entreprises membres, mais aussi pour la distribution d’informations de l’UE vers les membres et des membres vers l’UE. Le manifeste a donné lieu à plusieurs publications et à des collaborations en cours tant dans les secteurs public que privé.

Le manifeste pour l’eau est une initiative promue par Aqua Publica Europea, qui vise à pousser les décideurs européens à s’engager pour faire de l’eau une priorité en soulignant trois grands axes d’action : (1) Garantir une eau sûre, accessible et abordable pour tous, (2) Une approche durable pour protéger les ressources limitées et faire face au changement climatique et (3) Soutenir une gestion de l’eau efficace et tournée vers l’avenir contribuant à des économies durables.

Sous chaque axe d’action, le Manifeste pour l’Eau définit des jalons clairs tels que la création d’un observatoire européen sur la précarité hydrique favorisant un meilleur accès à l’eau, la définition de normes environnementales fortes pour la protection naturelle de l’eau (contamination plastique et pharmaceutique), ou facilitant l’investissement dans la gestion de l’eau, axé sur l’amélioration des performances (basé sur le concept « l’eau paie l’eau »). 

Créée en 2009, Aqua Publica Europea, est l’Association Européenne des Opérateurs Publics de l’Eau, réunissant les services publics d’eau et d’assainissement et d’autres acteurs, œuvrant pour la promotion de la gestion publique de l’eau aux niveaux européen et international. L’association est dirigée par des opérateurs qui recherchent des solutions efficaces servant le public plutôt que les intérêts des entreprises. Elle représente plus de 60 institutions.

Plusieurs autres manifestes similaires et de gestion de l’eau visant l’amélioration ont été signés dans plusieurs autres régions (UE, Royaume-Uni, États-Unis), y compris par des entités publiques et privées à plusieurs niveaux qui s’intéressent à la gestion des ressources en eau.

Perspectives d’avenir

Le Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau des Nations Unies (UNESCO, ONU-Eau, 2020) indique clairement que le changement climatique est le principal défi pour la durabilité des ressources en eau. La variabilité climatique réduira les sources d’eau et la fiabilité de l’approvisionnement, ce qui sera particulièrement grave dans les régions déjà en situation de stress hydrique (comme c’est le cas du sud de l’Europe). Il est donc essentiel que l’adaptation et l’action concrète puissent être réalisées par diverses initiatives liées au changement climatique liées à l’eau qui peuvent également fournir des co-bénéfices tels que la création d’emplois, l’amélioration de la santé publique, la réduction de la pauvreté, la promotion de l’égalité des sexes et l’amélioration des moyens de subsistance, entre autres. renforçant encore leur « bancabilité » aux yeux des financiers. Des accords privés et publics, tels que le PCMWS, avec des lignes d’action claires, peuvent être la première étape pour résoudre le problème de la rareté, en impliquant les principales parties prenantes autour d’un ensemble de responsabilités partagées et en mettant à disposition le savoir-faire et l’expertise nécessaires.